La nature, un lieu d'observation
Amélie Péret a vécu dans sa jeunesse en Baie de somme, entre terre et mer, c’est ici que sa sensibilité artistique s'est développée, "la nature était mon terrain de jeu, elle est devenue mon lieu d’observation, mon atelier d’expériences."
Conception de sa propre pratique
Très tôt elle a cette volonté d'aller à l'encontre des conventions et ne se forme que tardivement auprès de grands noms dans le domaine du verre, "je ne voulais pas être influencée par leur pratique et voulais trouver ma propre voie."
Le rapport de l'homme à la nature
Elle est emprunt d'une forte sensibilité quant à la présence du corps dans la nature, et plus précisément de l’inscription et relation de ce corps en un lieu naturel précis à un instant donné. Au-delà d’un questionnement sur l’espace-temps, sa pratique artistique se caractérise par une considération de l’objet créé comme incarnation du rapport de l’homme à la nature, participant par là même d’une interrogation sur la présence, le temps, les ressentis et la matérialisation de ce rapport. Convaincue que la substance des éléments de cette nature est emprunt de mémoire et qu’elle se révèle du geste à la matière, de la matière au processus, du processus à l’objet fini. L’objet devenant alors réminiscence sensorielle.
Alchimie de la matière et électrolyse
En constante recherche de l’esthétisme, son savoir-faire et l’alchimie des matières l’amènent à découvrir la technique de l’électrolyse. Elle "sacralise" alors dans "un sarcophage de cuivre" des éléments glanés dans la nature jusqu’ici restés anonymes mais dont ses observations et émotions ont su extraire l’essence et le détail. Avec l’électrolyse, ses bijoux montrent bien plus encore le temps comme instant et éternité.
Sublimer la nature
Créatrice de bijoux contemporains et couteaux haut de gamme, Amélie Péret, artisan d’art façonne la perle de verre au chalumeau et confectionne des créations en pièce unique entre bijoux d’artiste et haute joaillerie. Son talent convoque tout autant l’art nouveau que le graphisme contemporain, conférant à ses bijoux, d’un design recherché,une apparence épurée et très dessinée. Des créations marquées par l’art de sublimer la nature en usant de l’alchimie des matières brutes et nobles tels que le verre de Murano, l’or pur, l’argent, les pierres précieuses et le cuivre. Une collection de bijoux qui séduit par sa sobriété et son élégance et sait nous transporter dans un univers poétique.
Maria Afonso, journaliste RFI
Matière, technique et procédé
Sa démarche va l'amener à privilégier les procédés, au moins autant que l’objet. Le choix des matières et des techniques de mise en œuvre manifeste la cohérence de l'ensemble du processus.
L'expérimentation et l'alchimie de la matière
Le choix du verre soufflé est en cohérence avec l’incarnation du souffle, l’utilisation du chalumeau avec la précision du geste et la fluidité du verre en fusion. La conception de sa propre pratique et l’expérimentation constante renferment une connaissance profonde des matières et toute une réflexion sur "l’alchimie de la matière, un peu comme cette discipline en rapport avec la transmutation des métaux, l’Alkémia."
Révéler une mémoire sensorielle
A travers sa présence en acte et toute sa sensibilité, Amélie Péret tend dans ses créations à révéler l’inscription de cette mémoire sensorielle, ne cessant de la découvrir et ressentir au grès de ses pérégrinations, de l’extraire dans le maniements des matières, de la susciter en créant des perles, des bijoux, des parures. Porter un de ses bijoux c’est se parer de "l’âme des choses", de cette nature dont nous sommes issus, "notre substantifique moelle, quintessence des choses."
Faire corps avec l'émotion
Au regard de ses créations au design épuré, organique aux lignes contemporaines, elle semble faire sien le célèbre adage de Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme […] rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, nid ans celles de la nature, et l'on peut poser en principe qu’il n'y a que des changements, des modifications." et à Amélie Péret d’ajouter : "il faut pour cela comprendre la matière, travailler à sa limite, savoir la transformer pour mieux en connaître le potentiel et user de ce potentiel pour en extraire l’essence des choses, celle qui permet de confectionner le beau, de faire corps avec l’émotion."